Ylo | Administrateur | 41 messages postés |
| Posté le 10-06-2005 à 15:23:15
| Qui ne connaît, tout au moins de renom, les chaumières bretonnes ? A Névez ou Trégunc, cachées ici ou là, elles possèdent un charme particulier et tout à fait inattendu, car elles sont parfois édifiées en "Min zao", traduction française "Pierres debout'. Dans ces deux communes, elles ont été réalisées en bon granit du cru et il s'agit là d'une architecture qui n'a été répertoriée en aucune autre région. Les pierres, pouvant atteindre 2,70 m de hauteur, sont taillées en rectangle pour une largeur de 30 à 50 cm et une épaisseur d'environ 25 cm. Placées dans une tranchée de 50 cm, les interstices sont comblés, si nécessaire, par un mortier de terre. Les pignons sont généralement en moellons mais peuvent être réalisés également en pierres debout, donc sans le couronnement triangulaire, auquel cas le toit de chaume est à quatre versants. Pour les fenêtres, il suffit de définir leur emplacement par des pierres de moindre hauteur. Le sommet des pierres est recouvert d'un épistyle en bois, lequel reçoit I'empoutrement surmonté d'une épaisse couche de chaume, en l'occurrence de la paille de seigle, plus résistante que celle de blé ou d'avoine. Cette architecture, très particulière, s'insère parfaitement dans le paysage où le granit affleure à tout moment, et où de surplus, de nombreuses parcelles cultivées sont clôturées selon la même technique, avec la différence que les pierres ne dépassent pas un mètre et qu'elles ne sont pas jointoyées. La matière première ne faisait pas défaut. Bien qu'ils aient été largement exploités, les énormes blocs erratiques de granit sont encore légion dans les campagnes et à l'époque, les cultivateurs étaient très heureux de les vendre pour s en débarrasser. De plus, Névez possédait une bonne dizaine de carrieres. Obtenir des blocs de pierre d'une parfaite régularité demandait une maîtrise parfaite du métier de fendeur, pratiqué bien évidemment par les tailleurs de pierre (on en dénombrait parfois plus de cent dans certaines carrières), mais aussi en période hivernale, par les pêcheurs et les agriculteurs. Certaines constructions pourraient remonter au XV éme siècle, mais les dates relevées sur la plupart d'entre elles nous mènent du tout début du XIX éme jusqu'au XX ème siècle. En cheminant, vous aurez l'occasion de rencontrer des clôtures en pierres debout. Par contre, pour découvrir les habitations, il vous faudra emprunter les chemins secrets : ainsi sur la commune de Trégunc, entre la Pointe de la Jument et la Pointe de Trévignon, vous pourrez les admirer, à Kerdalé, Kerouini et Kerlin. Sur la commune de Névez, le hameau de Kerascoët, qui a conservé toutes ses chaumières, est un site incontournable pour qui séjourne au pays des Avens. Les hauteurs de Port Manech possèdent aussi quelques spécimens parmi les mieux conservés. Hélas, une grande partie de ce patrimoine a disparu et seules subsistent quelques dizaines de maisons ou de fermes dans ce type d'habitat. Aussi c'est tout à l'honneur des communes de Névez et de Trégunc d'avoir mené une action de sauvegarde et établi un dossier qui leur a permis d'obtenir en 1993 du ministère de l'Environnement le label grandement mérité de "Paysage de Reconquête". |
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